Ce discours que vous n’avez jamais entendu
Je suis tombé sur une note dans mon carnet aujourd’hui : un discours que j’avais écrit, que j’avais prévu de lire, qui est resté dans ma poche. C’était mon dernier jour à titre de président de l’Aile Relève de la CCI2M. Il y avait un souper d'organisé pour conclure la saison d’activités. J’avais voulu remercier les membres du CA pour leurs efforts incommensurables . Finalement, la soirée était douce, l’ambiance feutrée, les rires étaient au rendez-vous : tout était parfait alors je n’ai pas osé teinter les festivités, rendre ça inutilement mélancolique. Oui, tout était à sa place sur la terrasse et l’été était trop beau. J’ai gardé mon mot dans la poche gauche de ma chemise, près de mon coeur, et je suis reparti à la maison avec mon petit bonheur.
Voici le discours que vous n’avez jamais entendu.
Le 26 juin 2014
Mirabel
À vous autres,
J’ai souvenir de matinées claires, réunis autour d’une table de conférences, à libérer le magma de nos esprits, à cogiter sur nos visions et sur l’avenir, avec sérieux, mais non sans sourire. Un an à jouer les forgerons, à écrire l’histoire, à modeler l’espace et le temps pour ceux qui nous précèderont, à passer de la réflexion à la parole à l’action, à tenter le coup et revenir sur nos pas, à arpenter les soirées chics pour faire entendre nos voix, à apprendre à prendre notre place, et à laisser notre trace. Que ce soit dans une lumière de fin d’après-midi d’une bibliothèque, dans un matin doux parfumé de lavande, ou aux portes de la nuit dans le bruit des verres qui s’entrechoquent, vous avez estampillé ma mémoire de vos rires, de vos élans fraternels, de votre ferveur, de votre foi en une cause plus grande que nous.
Les idées loufoques ont pris racine dans l’univers tangible, ont forcé le statu quo à se muter en renouveau, et l’on entend maintenant sur toutes les lèvres le murmure de la relève : vous êtes architectes d’une nouvelle génération d’idées, d’un endroit où les échanger, car vous, nous, avons planter le décor d’un jardin au terreau fertile, ou les projets de demain pourront fleurir. C’est l’effort de tout un chacun que tout ça est né, grâce à votre courage, votre implication, votre brio et votre énergie. Même s’il y a une autre année devant, on peut dire de celle-là : mission accomplie.
Pour ma part, je ne suis qu’un clochard céleste : au lever du jour, j’enfile mes plus habits et je me transforme maestro qui danse dans nuit. Oui, un personnage qui enfile les costumes avec aisance, il va sans dire. Vous m’avez accueilli dans votre théâtre comme si j’étais membre de la troupe depuis toujours, et m’avez donné le premier rôle. Ce fut un incommensurable privilège et un immense plaisir de partager la scène avec vous, et de relever le défi des feux de la rampe à vos côtés. J’ajoute vos étincelles à mon baluchon pour la route, et espère de recroiser vos bettes lumineuses à une prochaine intersection.
Veuillez, poétiquement, agréer abondamment mes remerciements déjantés.
Monsieur le Président
